Conférence : quelles chaînes de productions forestières depuis 7000 ans ?
D’hier à demain, une filière sur le temps (très) long
La plupart d’entre nous aura appris, étant enfant, que l’on peut déterminer ‘l’âge d’un arbre’ en comptant ses cernes d’accroissement.
Nous étions cependant loin d’imaginer la mine d’informations que l’on peut obtenir en suivant la vie d’un arbre.
C’est là que réside tout l’art de la dendrochronologie, méthode scientifique permettant, via l’analyse des cernes de croissance, de dater à l’année, voire à la saison près, l’abattage des pièces de bois tout en livrant des indications précieuses sur le développement et les conduites sylvicoles des arbres dont elles sont issues.
Combinée à l’archéologie du bâti, cette discipline donne de nombreux éléments de lecture sur les conditions et les méthodes de construction d’hier, et le cumul des études de bois anciens nous dresse un aperçu de la « filière bois » à travers les âges…
Concernant la ressource en bois dans le Grand Ouest, il est désormais acquis que la faible couverture forestière, l’importance du bocage, la prédominance du chêne sont héritées du passé et résultent d’expérimentations forestières sur un temps très long, parfois multimillénaire.
Nos façons de construire en bois ont pour leur part évolué, ces évolutions étant en bonne partie rendues possibles par l’import en provenance d’autres régions françaises ou d’autres pays (environ 40% du bois d’œuvre est importé de l’étranger1, essentiellement bois résineux), quasi-inexistant jusqu’à la 1ère révolution industrielle.
Utilisation des feuillus locaux dans la construction, production de bois d’œuvre dans les haies, réemploi des matériaux de construction, optimisation des qualités de bois… Nombreuses sont les pratiques anciennes qui font écho dans le contexte actuel marqué par la raréfaction des ressources et la nécessité de relocaliser nos chaînes d’approvisionnements.
Loin de l’idée de prôner un retour direct aux anciennes pratiques, nous vous invitons à prendre du recul en confrontant vos visions de la filière actuelle à un panorama de celle-ci au fil des âges.
On étudiera notamment quelques grandes questions telles que :
- De quelles ressources disposait-on localement et comment ont-elles été gérées au cours du temps ?
- Comment les arbres étaient-ils sélectionnés, transformés, mis en œuvre ?
- Quelles innovations et adaptations technologiques ont progressivement vu le jour pour optimiser les ressources ?
Pour cela, nous aurons le plaisir d’écouter Vincent Bernard, archéologue, Chargé de Recherche au CNRS au CReAAH (Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire) à l’Université de Rennes 1.
Selon ses propres mots : « Mes recherches participent à la reconstitution des relations homme-bois-forêt dans leurs dimensions archéologique, économique et environnementale. Cette approche de la domestication des ressources forestières au travers de la dendro-archéologie me conduisent, par exemple, à travailler sur l’exploitation des pêcheries littorales ou sur l’évolution des moulins hydrauliques. En Asie centrale, je m’intéresse à la question du transport et de l’approvisionnement en bois en milieu steppique.«
Modalités :
- Conférence gratuite, ouverte à tout public sur inscription ici
- Lieu : Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne – 2 Avenue Gaston Berger à Rennes
- Horaires : 18h-20h, suivi d’une collation de 20h à 21h
Quelques articles (co)écrits par Vincent Bernard sur cette thématique :
- Bois de haie, bois de bocage, bois d’architecture
- Production de bois d’œuvre et pratiques sylvicoles entre forêt et bocage
- Le bois de la forêt au chantier
- Les maisons à pans de bois vues par la dendrochronologie
- Vers une maîtrise des ressources forestières ? Dendro-typologie des bois d’architecture domestique employés dans le nord-ouest de la France pendant l’âge du Fer
- Stratégie d’approvisionnement en bois en Gaule du nord-ouest (du 1er s. av.J.C. au IVe s. après J.C)